Parce que mes pieds sont têtus.

lundi 1 juin 2015

Dans le bain du trail Toulousain

La veille j'étais chafouin.
Un jour chiffon. Renfrognée, c'est pas juste, je m'fous de tout et patin-couffin.
Et en plus j'ai mal dormi, mon ongle s'est cassé et mon cheveu frisait et pas envie de rien.
A la rigueur courir un marathon. Le genre tout droit. Pas réfléchir. Atrabilaire solo: on dira que t'es super concentrée, rouge tomate, alors que tu fais du boudin.
En plusse.
La veille du marathon de Paris (clic) , l'air de rien dans les allées du salon, mon petit doigt me dit, c'est maintenant ou jamais. Je signe pour la Saintélyon. 
La blague.
La volonté elle se bouscule. Tu veux ? Tu peux.
Première des persuasions: En deçà de 50 kilomètres, ta course, c'est pour les fillettes - méthode Coué-nne -
Alors bon. Vu comme ça. Ben je m'inscris au trail urbain Toulousain de 33 km.
Je ne sais pas si toi, mais moi je me souviens bien de la belette mouillée sortie de cette même course il y a un an tout pile.
Je n'en menais pas large. 3h 37 de misères. La preuve ici.
Alors cette année, je me dis. Ça sera pas pire. Au pire ça se fera et ça ne se saura pas.
Chaleur de gueux sur la prairie.
Je retrouve deux poteaux. Très jolie surprise. Jean-Marc le grand sage sur son biclou. Socquettes en titane. Et puis Laurent, venu en touriste, qui enrhume du monde dans un peloton, même en roue libre !
Deux gardes-du-corps. Mes garde-folle. Traquée avec amour.
Peu de fille. Deux ou trois championnes. Le joli linge s'aligne sur le 18 et sur le 9.
Je me sens bien. Ça change d'hier. C'est fête des mamans. Je m'offre un joli cadeau. Toulouse open-routes avec deux ouvreurs. Mieux qu'en limousine !
Le tracé est une surprise. J'ai repéré quelques chemins, je me doute de certains passages, mais j'ignorais avant le départ que nous partirions à l'inverse de l'an passé. La montée de Pech David se fera plein feu sous un soleil vicieux. Gare au mur !
Je bouscule mes premiers kilomètres. Aidée par le rythme de Laurent je colle au 5' au km, plus vite encore parfois. Je sais que c'est un peu rapide. J'exprime mes doutes à voix haute. Les hommes qui sont à ma hauteur m'encouragent déjà. Je parie sur un positionnement rapide et une course à l'épuisement contre les concurrents. Je suis partie pour un podium et si je mesure le professionnalisme des deux coureuses parties déjà loin devant, j'ignore les qualités de celles qui me succèdent.
Comme souvent en trail, je cours masculin. Bénévoles et concurrents sont au petit soin. Incalculables et adorables encouragements saisis au vol, avalés goulûment, mesurés et savourés. Jetés au passage comme une brassée de fleurs, envoyés comme une oeillade, un sourire ou des bravos.
Et Laurent qui papillonne. Retourne en arrière, me rassure sur mon avance. Ça va ? Pas trop rapide ? garde ton rythme, ça tourne, angle droit, on traverse. Tu es bien. Attend v'là les 18, et vas-y que je les course, et je reviens guilleret. Punaise ils vont vite les félins ! Il me lâchera à Rangueil faute de temps.
Mon second Saint Bernard me garde dans sa roue. Rassurant, il fait la trace et me mitraille ! Conseils bien ciblés. Juste assez. Bien dosés. J'ai fait connaissance avec cette figure de la CAP Toulousaine en plein marathon de Toulouse (clic ). Sorti du rang, alors que je flottais en pleine euphorie du kilomètre 30, on a tapé un brin de causette sur un bout de ligne azur, allure 5'20. Civilités, bonjour à la revoyure. Simplicité et amitié spontanée sur 1 ou 2 km de bitume urbain.
Larges allées, parcs, montées. Le soleil donne à plein. Savourer les ruelles étroites. Oasis ombragées. Trop vite sortis des ornières, plein feu sur la montée de l'observatoire. Je verrouille le rythme. Le temps d'une photo on replonge vers le centre. Le cimetière est passé sans m'enterrer. File prendre l'air du jardin des plantes. Les passerelles chaloupantes du Grand-Rond donnent la nausée. Ravitaillement et percussions, respiration avant de canaliser l'effort. L'eau stagnante fait la morte, les platanes n'ombragent même plus. Le canal retient sa respiration. Pauvre traileur. Il va souffrir !
A la rocade on bifurque. Dernière plongée dans le métro, des secondes de fraîcheur, malgré le casse-pattes en escalier. Antenne de Pech David dans le viseur. Chemin du vallon accroché sur la pointe. Peine perdue, la montée exposée crame les bonnes volontés. Quelques pas marchés ne changeront pas grand chose au tempo. Jean-Marc fidèle me rassure. Les coureurs éparses se cognent au dardant soleil. Il fait soif. Ça traîne la langue et ça tire la jambe.
Le sommet annonce la descente. Regain. Et ça file. On rentre au bercail ! Comme une sortie courte. Tu vois, ce n'était rien ! Juste un chameau de bosse !
Poudrerie. Presque explosée. Jean-Marc me fait la visite. "Bon là tu n'y vas pas toute seule hein ?! Y'a des montreurs d'ours ! " Il arrive à me faire rire. Et puis doucement, tout doucement, je raccroche le devant qui se meure. Le devant du devant se traîne aussi. Le suivant s'arrête, repart, accroche. Je limace à 5'40, 5'50, mais l'honneur est sauf. Mon adorable ouvreur file vers l'arrivée pour m'y cueillir.
Ma famille est là. Plaisir.
2h55
3 ème féminine au classement général.
Maman fait un podium. Course mesurée. Exercice difficile pour la maniaque de l'allure que je suis. Je fais mes gammes. Étoile décrochée. Un échelon après l'autre. Pas de course au plus. Juste une course au mieux, au différent.
Découverte d'un milieu peuplé de gens simples, bons, brillants. Coureurs ordinaires ou champions tricolores, chacun apporte sa pierre à l'édifice de ma conviction.
La course à pied, ça fait grandir l'humilité !
 Comme à Buckingham. Chauffeur et balcon. ( Photo en course Jacques pour Running mag . Photo podium Jean-Marc )

































Merci à Run-n-trail - Organisateurs de course et équipementier pour clubs - pour le dossard et pour sa confiance.
Merci à I-Run pour la dotation podium.
Merci aux géniaux bénévoles !
Merci à Marianne Vibrez Montagne pour son initiation trail.
Le maillot  de trail c'est du joli Errea, bien taillé, bien pensé.
Merci au fantassin Laurent et au cavalier Jean-Marc, tous deux charmants.
Bravo à tous les coureurs adorables de "Run in Toulouse " et en particulier à Sebastyen.
Pour les jambes qui progressent de 42' sur le trail urbain Toulousain. C'est bibi.







5 commentaires:

  1. Louise Hamster2 juin 2015 à 09:40

    Plaisir de lecture, comme à chaque fois. Et cette phrase, que je fais mienne parce que je ne l'avais jais formulé comme ça, alors que c'est tellement ça : La course à pied, ça fait grandir l'humilité !
    La course à pied, ça fait grandir l'humilité…
    La course à pied, ça fait grandir l'humilité
    Merci pour cette phrase, merci pour toutes les autres !

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  2. Toujours un délice d electure et si vivant qu'on croirait courir aussi! Merci pour le partage.
    Dominique.

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  3. Une sacrée championne.... tu en as tous les atouts! Bravo!

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  4. Sophie, C'est moi qui est fait la photo où tu es en compagnie de J Marc (Jolimont) Charmant sourire et pose bien assurée! Bravo pour ta course. J'ai fréquenté J Marc pendant 24 h à Portet. A bientôt de se revoir et encore bravo pour le podium! Jacques.

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    1. La paternité de la photo est officiellement rétablie ! Un grand merci Jacques, pour cette photo très réussie qui résume bien mes 2h55 binômées avec Jean-Marc, et pour ton mot !

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